Marc Rich, roi du pétrole et plus grand trader de matières premières
Surnommé le « roi du pétrole » Marc Rich est le plus grand trader de matières premières que le monde n’est jamais connu. Figure emblématique du négoce des matières premières, il est le fondateur de Glencore , géant helvétique du secteur.
Il naquit 1934 à Anvers dans une famille juive orthodoxe originaire de Pologne, réfugiée d’abord à Francfort puis, après l’avènement au pouvoir d’Hitler, dans le port flamand en Belgique. Ses parents ont émigré avec leur fils aux États-Unis en 1941 pour échapper aux nazis . Son père a alors ouvert une bijouterie à Kansas City, dans Missouri , puis a déménagé avec sa famille dans le Queens à New York en 1950.
Leur nom de famille est américanisé et passe de Reich à Rich.
De son côté, Marc suit des cours à l’université de New York dans laquelle il ne reste qu’un semestre pour partir travailler en 1954 chez Philipp Brothers, alors spécialiste du trading de métaux, aujourd’hui plus connu sous le nom de Phibro.
Grâce à son talent pour les affaires, il permet à la firme de prospérer dans des pays comme l’Espagne, la Bolivie ou encore Cuba mais il crée aussi le marché du mercure. Il apprend alors à faire affaires avec des partenaires de tous bords dont certains dictateurs. En 1974, il quitte Philipp Brothers et fonde avec Pincus Green, un ancien collègue trader, Marc Rich & Co en Suisse. L’entreprise deviendra par la suite Glencore Xstrata Plc. Il utilise ses relations acquises chez Philipp Brothers, pour devenir l’un des plus grands traders de matières premières de tous les temps, ce qui lui vaudra le surnom de « King of oil » (roi du pétrole). Il est encore aujourd’hui considéré comme étant la personne ayant révolutionné l’échange de matières premières au XXème siècle.
Réussite Fulgurante
Son entreprise Marc Rich & Co devient Glencore International en 1994 après la cession forcée de 51% de ses titres au géant mondial. Suite à de nombreuses acquisitions, l’entreprise passe du trading de métaux et de pétrole à d’autres produits pétroliers, puis aux matières premières agricoles par l’acquisition d’une société de trading néerlandaise.
Descente aux enfer
Marc Rich avait pour habitude de dire : « Je fournis un service. Certains veulent me vendre du pétrole, d’autres voulaient m’en acheter. Je suis un homme d’affaires, pas un homme politique ». Ce leitmotiv de faire des affaires, peu importe l’interlocuteur, a failli causer sa perte. La vie de cet homme d’affaires est en effet entachée de nombreuses condamnations suite aux investigations d’un jeune procureur : Rudolf Giuliani, futur maire de New-York. Les chefs d’accusations atteignent le nombre record de 65 et incluent du racket, de la fraude fiscale, ou encore la violation d’un embargo international en réalisant des affaires avec l’Iran en pleine crise des otages de l’ambassade américaine. Il a également revendu du pétrole en provenance d’URSS à l’Afrique du Sud en plein apartheid. Il encourt alors une peine de 300 ans de prison et quitte le sol américain en temps que fugitif pour se réfugier en Suisse, pays qui refuse de l’extrader pour le remettre aux autorités américaines.
Bloomberg le décrit comme l’un des fugitifs en col blanc les plus recherchés des Etats-Unis pendant près de 17 ans. Il gagne alors un deuxième surnom : « El Matador », pour avoir tenu tête et échappé aux autorités américaines pendant aussi longtemps. Mais cette réputation sulfureuse finira par lui coûter cher puisque certaines banques commencent à refuser de traiter avec lui. Il est alors contraint de revendre ses parts à hauteur de 600 millions d’euros dans Glencore dont il était l’actionnaire majoritaire. L’entreprise est reprise par un groupe d’investisseurs dont fait partie son protégé Ivan Glasenberg, aujourd’hui à la tête de l’entreprise. Il ne plaidera jamais coupable et clamera toujours son innocence. Il ne pourra pas non plus assister aux obsèques de sa fille aux Etats-Unis en 1996, décédée d’une leucémie. Il est par la suite gracié par le président américain Bill Clinton en 2001, le dernier jour de son mandat, provoquant un véritable tollé au sein de l’opinion publique américaine. Cette décision controversée aurait été obtenue par son ex-épouse, Denise, pour avoir soutenu financièrement la campagne des démocrates lors de l’élection présidentielle de Bill Clinton.
La jeunesse de Marc Rich, ses démêlés avec la justice, son sens des affaires incroyable et ses capacités de visionnaire en font l’un des hommes d’affaires les plus énigmatiques, avant-gardistes et controversés du XXème siècle. Dans son livre « The King of Oil: The Secret Lives of Marc Rich », Daniel Ammann, journaliste, le décrit comme un personnage secret, difficile à approcher et ne donnant en temps normal jamais d’interview. L’un des employés de Marc Rich, dans le documentaire « Traders – Le marché secret des matières premières », considère son ancien patron comme un avant-gardiste, qui était constamment aux frontières de la légalité et qui comme Icar s’est peut-être brûlé les ailes en se rapprochant trop près du Soleil.
Sioniste convaincu
Rich a vendu du pétrole iranien à Israël via un pipeline secret et en raison de ses bonnes relations avec l’Iran et l’ Ayatollah Khomeini , il a aidé à donner des contacts aux agents du Mossad en Iran au profit de l’état hébreu.
Dans sa déclaration de président de la fondation qui porte son nom, Marc Rich disait « soutenir des programmes qui promeuvent l’excellence et ont des éléments d’innovation sociale et culturelle ainsi que de créativité pour élever la qualité de vie de l’individu et de la société civile. » Il ajoutait qu’il était dévoué au peuple juif et à l’État d’Israël.
De son vivant, Rich fit d’importants dons au Parti démocrate et aux organisations israéliennes.
Il est décédé d’un accident vasculaire cérébral le 26 juin 2013 dans un hôpital de Lucerne. Il avait 78 ans et laisse dans le deuil deux filles, Ilona Schachter-Rich et Danielle Kilstock-Rich. Il a été enterré en Israël.
Au cours de sa vie, il cumula les nationalités belge, américaine, espagnole et israélienne. Sa fortune personnelle était estimée à 2,5 milliards de dollars.
Par Noam Landsky – Juifs célèbres © Tous droits réservés