Millerand , juif et Président de la République française
Il naquit à Paris en 1859. Sa mère Mélanie Caen était issue d’une famille juive tandis que son père catholique et fervent républicain tenait un commerce de drap dans le quartier du sentier. Bonne élève, Millerand entame des études de droit après avoir obtenu son baccalauréat. Il s’inscrit alors au barreau de Paris en 1881 et devient un avocat d’affaire très influent. En plus de sa formation d’avocat, il décide de découvrir le monde du journalisme et de la politique. Millerand commence alors une carrière d’éditorialiste dans le célèbre journal « La Justice « tenu par Georges Clemenceau. Le 21 mai 1883, Alexandre Millerand rejoint la loge L’Amitié du Grand Orient de France en devenant Franc-maçon, comme beaucoup de ses compatriotes juifs à l’époque.
Sa carrière en tant qu’homme politique débute en 1885 lorsqu’il est élu député siégeant à l’extrême gauche. Gros travailleur et homme de confiance tenant ses promesses, il siègera à l’Assemblé pendant 34 ans sans interruption jusqu’en 1919. Socialiste convaincu, il se donne pour mission de défendre le prolétariat. C’est ainsi que sont signés les « décrets Millerand « qui réduisent considérablement le temps de travail sans pour autant réduire le temps de repos hebdomadaire. Puis c’est en 1896 qu’il publia le célèbre « programme de Saint Mandé » considéré encore aujourd’hui comme le texte fondateur du socialisme français.
Préconisant les réformes à la Révolution socialiste, Millerand entre dans le gouvernement bourgeois et républicain de Pierre Waldeck-Rousseau en devenant ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et Télégraphes. Cette appartenance à un gouvernement de droite lui sera reproché par certains socialistes, qui décidèrent de l’abandonner et de quitter le groupe parlementaire. Malgré ces critiques il reçut les soutiens de grandes personnalités socialistes comme Jean Jaurès et Georges Clémenceau qui l’encouragèrent à mettre en œuvre de nouvelles réformes sociales. Ce sera sous son ministère que les femmes deviendront électrices au conseil de prud’hommes.
Président de la République française :
C’est le 23 septembre 1920 qu’Alexandre Millerand est élu avec la majorité des voix, Président de la République Française en succédant à Paul Deschanel. Son mandat présidentiel sera semé d’embuches et les désaccords au sein de son propre gouvernement rendront difficile l’application et la mise en place de nouvelles reformes. Il se heurte à de nombreuses reprises au président du Conseil, qui refuse d’accorder une réelle importance au chef de l’état. Dans le but d’accorder plus de pouvoir au rôle de président de la république, il soumet une réforme de la Constitution, qui sera malheureusement rejetée par le président du conseil de l’époque Raymond Poincarré. Encore aujourd’hui certains historiens et politologues voient dans le personnage d’Alexandre Millerand, un homme sage et avant gardiste dont les idées, bien trop en avance pour son temps ne pouvaient que se confronter à des refus dans le gouvernement en place à l’époque. Sa volonté de réformer la Constitution dans le but d’accorder les pleins pouvoirs au chef de l’Etat sont très similaireS aux réformes appliquées 20 ans plus tard par le Général de Gaulle.
En faveur d’une plus grande fermeté dans les relations internationales, il se heure aussi à la personnalité d’Aristide Briant qui lui préconise un rapprochement avec l’Allemagne. C’est ainsi que dans l’incapacité la plus totale de reformer la Constitution, Alexandre Millerand démissionne de son poste de Président de la République dans une lettre « Monsieur le Président du Sénat, j’ai l’honneur de vous présenter ma démission de Président de la République. »
Il mourut le 7 avril 1943 à Versailles à l’âge de 84 ans.
Par Noam Mosseri – Juifs célèbres © Tous droits réservés